Détails de l’édition concernée : Fulgence Girard (post-face d’Eugène Sue), Un corsaire sous l’empire, A. Bourdilliat et Cie, Paris, 1861, Bibliothèque nouvelle. Cette histoire a été écrite au plus tard en 1857, in-18, 296 p. <lire en ligne>
Les faits que nous venons de raconter n’ont rien d’imaginaire ; ils étaient épars dans la douloureuse chronique des pontons anglais. Nous nous sommes borné à les réunir et à les développer dans un même cadre. Le cadre seul est de notre invention.
Si notre affirmation ne suffisait pas, nous l’appuierions d’une autorité dont aucun lecteur ne contestera la valeur, car nous invoquons ici le témoignage d’une grande et forte intelligence. Voici, en effet, ce que nous écrivait Eugène Sue à qui nous avions soumis notre travail.
Nous retranchons quelques paragraphes dictés par une amitié indulgente comme le sont toujours la puissance et la bonté, pour ne citer que ce qui peut justifier notre assertion :
" … Vous avez raison, ces feuillets, légers par la forme, sont au fond de vraies pages d’histoire. " |
Et plus bas :
" … J’ignore sur qui vous avez copié maître Laumel et le père Roussin, mais j’atteste qu’ils ont existé ; l’imagination ne produit pas de ces types-là, ils sont trop vivants pour être son œuvre ; elle ne crée pas, elle évoque. Quant à Bihan, je voudrais douter de sa réalité, par respect pour la dignité humaine ; mais comme la nature extérieure, le monde moral a ses difformités, ses monstruosités, ses mystères. Ce sont des faits qu’il faut bien accepter. Ce qui d’ailleurs confirme pour moi la réalité de ce que j’ignore, c’est la fidélité saisissante, la vérité de ce que je connais, et je connais les principaux acteurs de votre drame, malgré les noms dont vous avez masqué leurs personnalités. Que m’importe le vocable de Jules Serval, si dans ses faits et gestes je reconnais l’héroïque capitaine Souville, dont le nom est si populaire sur toutes nos côtes septentrionales, et qui naguère encore commandait un de nos paquebots-postes sur ces eaux où il avait si longtemps médusé le commerce anglais ! audacieux croiseur à qui j’ai consacré quelques-unes des pages que j’ai écrites avec le plus de bonheur, que j’ai connu enfin, comme vous même vous avez connu monsieur Havas, votre loyal Pierre Ballard.
Eugène Sue.
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Nous n’avons rien à ajouter à cette attestation du grand romancier.