Bewitched
(Ma sorcière bien-aimée)
Une série ensorcelante

Tout le monde, et c'est une des particularités de cette série, connaît Samantha et Darrin Stephens (Jean-Pierre Stevens en Français). Le couple réunissant la plus charmante épouse, dévouée, aimante et gaie, et le plus conformiste mortel, bourgeois, intransigeant.

Bewitched


Généralités techniques et liste des épisodes

Série comédie crée par Sol Saks, huit saisons, 254 épisodes de 26 minutes, U.S.A., 1964-1972, avec Elizabeth Montgomery (Samantha), Dick York -116 ép.- puis Dick Sargent -84 ép.- (Darrin Stephens), Agnes Moorehead (Endora).

Informations plus détaillées dans l'Internet Movie Database.

Liste complète des épisodes dans l'Épisothèque (avec titres français).


La rencontre

Pour ceux qui se demandent pourquoi elle reste avec ce pâle mortel refusant son hérédité de sorcière et la vie de délice qu'elle apporte, C'est le premier épisode, celui de la rencontre qu'il faut regarder, l'épisode du honteux mariage.

Tout commence par le mariage. Le mariage! Seul élément normal de la vie du couple. Contrairement à ce que certains épisodes laissent penser, ce n'est qu'après la cérémonie que la gentille sorcière avoue ses origines et fait sa promesse solennelle de n'utiliser ses pouvoirs qu'en cas d'urgence (ce qui arrivera souvent: "Witchcraft got you into this mess; I see no reason why witchcraft shouldn't get you out of it").


La récurence dans Bewitched

Les séries n'ont pas toujours bonne réputation, Bewitched par exemple. Un ami la critiquait en disant "C'est toujours la même chose". Il est vrai que Bewitched est très récurrente, elle l'est à trois niveaux: les personnages, les interprètes, les scénarii.

Les personnages

La série a duré 254 épisodes, de 1964 à 1972, et présenta un nombre impressionnant de personnages. Il est rare d'en trouver autant, tous aussi singuliers les uns que les autres. On rencontrera au fil des huit années de la série une quinzaine de personnages principaux. Les incontournables: Endora, le patron Larry Tate (Alfred en V.F.) et sa femme Louise, les voisins Gladys et Abner Kravitz (Charlotte et Albert), la délicieuse cousine Serena et la vieille Aunt ClaraAunt Clara... Les épisodiques: le beau-père Maurice, le farceur Uncle Arthur, Dr Bombay, les parents Phyllis et Frank Stephens... On peut en ajouter une quantité qui n'apparaissent que dans quelques épisodes seulement, autant de clins d'oeil au téléspectateur assidu: Santa Claus (Le Père Noël), le grand patron Mr McMann, la Grande Prêtresse Hepzibah, la fiancée délaissée Sheila Sommers, et même des personnages non incarnés tels Ramon Verona le flirt d'Esmeralda ou la tante de Darrin (celle qui se prend pour un phare). De ce point de vue, la série est exemplaire de diversité de personnages se croisant, lançant des charmes, se disputant et faisant toutes sortes de choses affreuses dans le salon des Stephens. Le spectacle eut d'ailleurs des difficultés avec ses interprètes, et plusieurs personnages durent être joué par des acteurs différents. Ce fut le cas de Darrin, par Dick York (qui participa à 116 épisodes) blessé sur le tournage d'un western et remplacé en 1969 par Dick Sargent (84 épisodes). Gladys Kravitz (Alice Pearce puis Sandra Gould, nettement moins laide, en 1966), Louise Tate (Irene Vernon puis Kasey Rogers, nettement plus jolie, en 1966) et Frank Stephens (Robert F. Simon et Roy Roberts) eurent aussi des acteurs multiples.

Les interprètes

Au niveau des interprètes des autres personnages, ceux qui n'apparaissent qu'une fois et dont le nom s'oublie à la fin de l'épisode, Bewitched est à ma connaissance (très réduite) la seule série qui arrive à développer autant de seconds rôles sur un si petit nombre d'acteurs. Ce sont toujours les mêmes que nous voyons rôder chez les Stephens, sous l'identité des multiples clients de Darrin et leur plus ou moins charmante épouse. Son agence semble avoir plus de clients que la ville ne puisse en contenir. Leurs interprètes semblent la plupart choisis dans un cercle limité: Parley Baer, Dick Wilson, Charles Lane, Arch Johnson et Jane Connell, Sara Seegar, Reta Shaw apparaissent tous souvent aux génériques dans des rôles tels Mr Baldwin, Mr Braddock, Mr Nickerson et leurs femmes. Excessivement typés, intolérants jusqu'au grotesque. Pourquoi reprendre les mêmes acteurs? Sûrement parce que ce doit être tellement amusant de tourner un épisode de Bewitched que sitôt fait, on n'a de cesse de recommencer. On s'en convaincra aisément en regardant Eat at Mario's (No35, Le Restaurant de Mario), You're so agreeable (No183, Adorable Jean-Pierre), What makes Darrin run (No191, L'Ambitieux Jean-Pierre) ou A chance on love (No196, Quand l'amour commande). En fait, ce sera surtout pour des raisons de contrat avec la maison de production, et aussi parce que William Asher pensait que le talent d'un interprète était plus important que le fait qu'il ait déjà joué un rôle d'un autre épisode auparavant. Cette utilisation multiple d'acteurs pour des rôles différents, mais souvent similaires, accentuera la puissance évocatrice du personnage, comique la plupart du temps ("Je déteste qu'on m'approuve disait l'un", "Ceux qui travaillent dans les articles de sport doivent avoir l'air de les utiliser" disait l'autre...). Lorsque l'on reconnaît l'acteur, on reconnaît immédiatement son personnage, et déjà le rire se faufile avant même que ne commence la farce.

Les scénarii

Ces acteurs connaissent donc bien la série, et n'auront aucun mal à jouer dans des scénarii des plus loufoques. Si la plupart sont originaux et singuliers, beaucoup sont eux aussi similaires (parfois même de simples refontes) où l'intrigue ne change que d'un iota On pourrait même extraire un épisode type. Endora ou Serena lance un charme sur Darrin qui devient l'opposé de ce qu'il faudrait qu'il soit devant le client à séduire qui est, coïncidence, sur le point de signer un contrat avec l'agence. Pendant l'épisode, Darrin se débat pour garder la tête haute ou fuir ou autre tandis que Samantha cherche ou raisonne la méchante sorcière instigatrice pour briser le sort. Enfin, le charme est levé et Darrin et Samantha essaient tant bien que mal d'expliquer au de Measmaker de service que tout ça n'était qu'une mise en scène ("- Explique ton idée... - Non, explique toi-même..."). On notera d'intéressantes variantes où il ne s'agit pas d'un charme à lever mais d'une maladie de sorcière ou un personnage historique dont il faut se débarrasser.

Une série sans-cesse renouvelée

Malgré ces trois principes, est-ce pour autant "toujours la même chose?" Il y a long à dire sur la récurrence dans les séries télévisées. Même si c'est un des principes de définition, certaines en abusent. Ce n'est certes pas le cas chez Bewitched, car bien exploitée cette récurrence met là en valeur toute la série, sans cesse renouvelée.

Les créateurs prennent un malin plaisir à réutiliser leurs effets, et les personnages excessifs qui sont autant d'éléments perturbateurs qui enrichissent le scénario. La magie des acteurs et la créativité des auteurs font que chaque épisode nous apporte sa dose de plaisir. Comment se fait-il que chaque épisode arrive à ressortir et nous amuser tout autant; même si nous connaissons par coeur la fin pour avoir vu le reste de la série? Une idée n'a pas besoin d'être débridée pour être riche. Au contraire, c'est en la canalisant que l'on peut l'élever. Une fois défini le concept, il ne reste qu'à décliner l'humeur du client, le charme, le produit à vanter et l'épisode sera parfait.

Un publicitaire, émule de Darrin Stephens, prétendait dans je ne sais plus quel spot: "En amour, il faut savoir étonner tous les jours..." C'est absolument vrai. Imaginez le mariage de Samantha sans sorcellerie. En 7 ans, leur vie n'a pas beaucoup changé. A part deux enfants, qui n'ont fait qu'entériner l'ordinaire des sentiers battus, la situation professionnelle de Darrin est toujours la même, ils habitent le même quartier, et les belles-familles sont toujours aussi envahissantes. Si Samantha était une petite épouse sage et normale, leur vie serait rongée par une routine maligne, leur amour conjugal d'un monotone consternant, menant aux couples du genre Kravitz. Darrin en est conscient, et parfois avec regrets, mais plus souvent satisfaction.

Nous touchons là un des messages de la série (notez que l'auteur de cet article n'adhère pas nécessairement à ces points de vue). Sachez, avec ce que vous avez, vous renouveler tous les jours, ne faites pas de votre vie un cercle vicieux mais vertueux. Chaque jour de la vie conjugale ne doit pas être la répétition en moyenne de la veille, mais une nouvelle façon originale et gaie de la vivre. Si ce couple survit, c'est parce que justement Samantha est une sorcière, et qu'elle apporte à chaque moment un souffle de gaieté, de nouveauté, de bizarrerie, un soupçon de "Samantha (B&W)that stuff she pitches that just hasn't got a cure". 254 épisodes font une longue durée; si tout au long de cette durée le téléspectateur a senti venir chez lui cette touche de joie de vivre et d'originalité, de la même manière que Samantha l'insuffle à son couple, alors la série a rempli son objectif.


La diffusion

Filmé en novembre 1963, programmé le 17 septembre 1964 à 21h sur A.B.C., en France le 17 juillet 1966 sur la 1e chaîne de l'O.R.T.F. (avec les voix de Martine Sarcey, Daniel Crouet, Lita Recio), le premier épisode nous présente Samantha, Darrin et Endora. D'autres personnages, les meilleurs, arriveront plus tard: Larry Tate dans It shouldn't happen to a dog (No3, Le Chien), Uncle Arthur dans The joker is a card (No41, Les Mauvais tours de l'Oncle Arthur), Gladys Kravitz dans Be it ever so mortgaged (No2, La Nouvelle Maison), Maurice dans Just one happy family (No10, Une famille heureuse), et surtout l'inénarrable Serena en même temps que Tabitha dans And then they were three (No54, Et maintenant nous sommes trois!). Serena était interprétée par Elizabeth Montgomery, créditée sous le nom de Pandora Spocks à partir de 1969. La série demeura 2e à l'audimat derrière Bonanza (1959-1973), passa en couleur en 1966, resta dans les 12 premiers jusqu'en 1969 et chuta à la 25e place suite au départ de Dick York. Le personnage de Sheila réapparut dans Snob in the grass (No126, Sheila, ma chère) et If they never met (No127, Le Hasard du destin). Vous avez noté au passage la platitude des traductions des titres d'épisode.

Lita RecioEndora était doublée en français par Lita Recio. La photo ci-contre est extraite de Génération série qui ajoute: «que ce soit sur Bette Davis ou Katharine Hepburn, l'autorité au féminin lui convient à merveille. Sorcière menaçante, belle-mère acariatre ou tante à héritage, Lita Recio s'est aussi échapée de ce type d'emploi pour des compositions légères, pleines de fantaisie, comme l'inoubliable Endora dans Bewitched. Un parcours d'une longévité exemplaire qui recèle des rencontres magiques avec quelques grandes figures hollywoodiennes» (Lita Recio, ma sorcière préférée, entretient avec Lita Recio par Stéphane Lerouge, publié dans Génération Série Nº19, oct-déc. 1996).


Pour en savoir plus

Visitez d'abord le magnifique Bewitched and Elizabeth Montgomery site. Un site italien en italien que je trouve intéressant: Vita da Strega (Vita da Strega, c'est à dire La vie d'une sorcière).

En papier, on peut consulter La Loi des Séries de François Julien. Génération série, le magazine des séries télévisées, a consacré son No4 à cette série (8 rue Buirette, 51100 Reims). Le livre américain The "Bewitched" Book d'Herbie J. Pilato vous dira tout ou presque sur la série.

Il existait une vidéocassette en V.O. PAL (non sous-titrée) de 4 épisodes chez Castle vision. Vous pourrez trouver maintenant des cassettes chez Columbia. Il existait aussi 6 vidéocassettes en V.F. de 3 épisodes (C'est pas de la mesquinerie ça...?) chez M6 vidéo.


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File created on 20th December 1996, last update 15/01/2001 by Baptiste MARCEL (voir page Contact), located in Nogent-sur-Marne (France). Feedback is welcomed.
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