Article de Fulgence Girard paru dans Le Monde illustré n°3, p. 5, le 02/05/1857.
Statue de Richard Cobden devant l’église St Ann à Manchester, photo Suzanne Knights |
How can protection, think you, add to the wealth of a country? Can you by legislation add one farthing to the wealth of the country? You may, by legislation, in one evening, destroy the fruits and accumulation of a century of labour; but I defy you to show me how, by the legislation of this House, you can add one farthing to the wealth of the country. That springs from the industry and intelligence; you cannot do better than leave it to its own instincts. If you attempt by legislation to give any direction to trade or industry, it is a thousand to one that you are doing wrong; and if you happen to be right, it is work of supererogation, for the parties for whom you legislate would go right without you, and better than with you.Speech in the House of Commons (27 February, 1846). Source wikiquote from : John Bright and J. E. Thorold Rogers (eds.), Speeches on Questions of Public Policy by Richard Cobden, M.P. Volume I (London: T. Fisher Unwin, 1908), p. 197
Richard Cobden. |
Le Monde illustré serait incomplet s’il n’embrassait, dans son cadre, tout ce qui peut donner une satisfaction à l’esprit comme tout ce qui peut offrir un attrait à la curiosité ; c’est assez dire qu’il fera passer sous les yeux de ses lecteurs toutes les célébrités qui, à un titre quelconque, préoccupent l’attention publique.
Quand on étudie la vie singulière de ce manufacturier, devenu une des célébrités les plus retentissantes de l’Angleterre, ce qui frappe surtout en elle, c’est la puissance que peut conquérir une volonté énergique au service d’une intelligence élevée. C’est bien de Richard Cobden qu’on peut dire qu’il est exclusivement l’enfant de ses œuvres.
Fils, lui neuvième, d’un petit propriétaire dont la fortune s’évanouit dans un procès malheureux, ce fut la pauvreté qui l’accueillit à son entrée dans la vie, ce fut elle qui fut la rude compagne de sa jeunesse. Coïncidence étrange ! l’ardent tribun de la liberté du commerce fut réduit, dans son enfance abandonnée, à garder les moutons à l’ombre des murailles féodales du château de Goodwood, résidence du duc de Richemond, destiné à être plus tard l’un des chefs du parti protectioniste.
Son enfance s’écoula dans les misères de cette vie rustique. L’homme qui devait devenir l’un des économistes distingués de l’Angleterre et l’un de ses orateurs les plus connus, vit commencer son adolescence sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter ; l’homme qui devait prendre place parmi les riches industriels de Manchester vit sa jeunesse s’écouler dans la plus froide indigence. Recueilli par un oncle, fabricant de cotonnades fines à Londres, il n’entra dans cette maison que pour la voir s’écrouler dans un désastre.
Son passage rapide n’y fut cependant pas stérile pour son avenir ; un fait avait frappé son esprit observateur et pénétrant, c’était la différence entre le taux des salaires de Londres, où se trouvait concentrée la fabrication des cotons imprimés, et de Manchester, où se confectionnaient les cotonnades unies. Cette remarque fut la source de sa fortune. Quelques années après, il était propriétaire de deux usines, l’une à Manchester, l’autre dans le voisinage, dans la petite ville de Stockport, dont il devint le représentant à la Chambre des communes.
Nous n’avons pas à le suivre dans sa carrière politique. On connaît la part qu’il prit dans les luttes municipales de Manchester et dans celles bien autrement profondes qui retentirent dans le Parlement. Un fait, c’est que l’Angleterre lui doit la réforme des lois sur les céréales.
Né en 1804, Richard Cobden est âgé de cinquante-trois ans.
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OCR par Josh CM 03/08.
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