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Voici quelques repères historiques permettant de situer Fulgence Girard, sa politique et son œuvre dans le contexte de l’époque (télécharger en PDF). Ceci n’est qu’une chronologie de repérage ; plus d’explications sont données dans la section d’après.
Période | Gouvernement | Évènements | ||
XVIe - 1789 | Ancien Régime | Monarchie absolue Louis XVI règne à partir de 1774 |
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14 juillet 1789 - prise de la bastille | ||||
1789-1792 | Monarchie constitutionnelle | Abolition des privilèges et déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (août 1789), constitution du 3 septembre 1791, fuite à Varennes (20 juin 1791) | ||
10 août 1792 - Commune insurrectionnelle de Paris | ||||
1792-1804 | Première république |
1792-1795 | Convention | Le roi est décapité le 21 janvier 1793 La Terreur (1793–1794) |
26 octobre 1795 - Séparation de la Convention | ||||
1795-1799 | Directoire | Fondé par la Constitution de l’an III (1795) |
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9 novembre 1799 - Coup d’État du 18 Brumaire | ||||
1799-1804 | Consulat | Bonaparte est Premier Consul, prémices du Premier Empire |
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18 mai 1804 - décret du Sénat proclamant Bonaparte Empereur | ||||
1804-1814 | Premier Empire | Sacre de napoléon, guerres napoléoniennes, abdication 1807 : naissance de Fulgence Girard |
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6 avril 1814 - abdication de Napoléon | ||||
1814-1815 | Première restauration | Retour des Bourbons sur le trône (Louis XVIII), mise en place de la charte de 1814. |
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1er mars 1815 - Retour de Napoléon | ||||
1815 | Les 100 jours | Napoléon revient en France, rassemble ses troupes contre la coalition et est défait à Waterloo |
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18 juin 1815 - Défaite de Waterloo | ||||
1815-1830 | Seconde restauration | Monarchie constitutionnelle de la Maison capétienne de Bourbon : Louis XVIII (1815–1824) puis Charles X (1824–1830) Stabilité civile et paix extérieure Début de la révolution industrielle |
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27-29 juillet 1830 : les Trois Glorieuses | ||||
1830-1848 | Monarchie de Juillet | Louis-Philippe Ier, roi des Français (Maison d’Orléans) Exode rural Détérioration de la condition ouvrière, paupérisme Agitations civiles et révolutionnaires, insurrections violentes :
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23-25 février 1848 - Révolution de 1848 | ||||
1848-1851 | Seconde république | Instauration du suffrage universel Les manifestations et “Journées” révolutionnaires des républicains sociaux continuent :
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2 décembre 1851 - coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte | ||||
1852-1870 | Second Empire | Napoléon III (Louis-Napoléon Bonaparte) Travaux haussmanniens Guerre de Crimée (1853-1856) Guerre de 70 (1870-1871) |
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2 septembre 1870 - capture de l’empereur Napoléon III à Sedan 4 septembre 1870 - proclamation de la 3e république |
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1870-1940 | Troisième république | Insurrection de la Commune (18 mars - 28 mai 1871) 1873 : décès de Fulgence Girard |
La charte de 1814 |
C’est alors que commence le XIXe siècle des historiens.
Sur l’international, la France a perdu son hégémonie sur la vieille Europe et son duel contre l’Angleterre. Le fiasco géo-politique va entraîner un fiasco économique (perte des colonies, ruine des ports) qui va doter l’Angleterre d’une avance industrielle. Son industrie, mais aussi sa stabilité politique, inspirera de nombreux penseurs français du XIXe.
Sur le plan national, la France est à présent dotée d’une sorte de monarchie constitutionnelle basée sur la Charte de 1814, qui servira de référence dans les décennies à venir. Cette charte repose sur le partage des pouvoirs entre le roi et son gouvernement qu’il désigne (ministres, etc), et deux chambres : la Chambre des députés (élue au suffrage censitaire), et la Chambre des pairs (membres désignés ou héréditaires). Au suffrage censitaire, seuls les riches votent (ceux dont le relevé d’impôts dépasse le cens), et la manipulation du cens et des circonscriptions permet souvent à l’exécutif d’influer sur la composition de la chambre.
La nation est divisée. Les différents groupes ne cherchent nullement à cohabiter en paix ; chacun veut le pouvoir. Durant tout le siècle, les complots seront multiples, le pouvoir est en permanence à la merci d’un coup de main réussi, balloté d’un coup d’État à l’autre.
Sur le plan politique, les ultras (ultra-royalistes) et les modérés s’affrontent et s’alternent à la Chambre des députés ; chaque revirement se fait avec sa vague de lois réactionnaires ou libérales selon les tendances. La presse, l’éducation, l’Église, le corps électoral sont les sujets les plus sensibles et les plus manipulés.
Échiquier politique de la seconde restauration
Les étiquettes politiques couvrent évidement des concepts flottants selon les gens et les années. Ce tableau est approximatif, destiné uniquement à représenter les tendances.
les bourgeois / modérés / libéraux | Les ultras (légitimistes) / pointus / réactionnaires |
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les républicains | les royalistes modérés
(orléanistes … légitimistes) |
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républicains sociaux / socialistes |
républicains bourgeois | ||
les bonapartistes | |||
← la gauche la droite → |
À la mort de Louis XVIII (16 septembre 1824), son frère Charles X, un ultra, monte sur le trône. Le manque d’ouverture de sa politique lui fait perdre la majorité à la Chambre des députés. Refusant de regner avec un gouvernement modéré (aujourd’hui on parlerait de cohabitation), Charles X essaie de basculer en force le régime vers une forme plus ultra (les quatre ordonnances du 26 juillet 1830). Paris réagit par une insurrection de trois jours : les Trois glorieuses.
Une fois le gouvernement renversé par la rue, la Chambre des députés, en majorité modérée et bourgeoise, nomme à la tête du pays le duc d’Orléans, Louis-Philippe (prétendant issu d’une branche ratérale des Bourbons, descendante aussi de Louis XIII). Les Orléanistes sont maintenant au pouvoir, Charles X en exil, les légitimistes (carlistes) dans l’opposition. Parce-que cette révolution a été récupérée par la bourgeoisie qui ce jour là a préféré un Orléans à un Bourbon, Girard en dira que « ce ne fut, hélas !, qu’un accident dans les destinées de la France ».
Au bilan, c’est la tendance intransigeante qui s’installe. Le développement est maintenu au ralenti par “le système”, notamment sous le gouvernement Guizot, par peur d’une révolution industrielle trop rapide qui changerait la donne (des richesses et du pouvoir). De cette société bridée, une contestation se diffuse alors dans les années 1840 : le positivisme, porté par des savants (on dit aujourd’hui des scientifiques), des artistes, des lettrés, mais aussi les jeunes cadres frustrés des milieux d’affaire.
En 1847, le mouvement de protestation prend de l’ampleur et lance des campagnes de presse. On y réclame “la réforme” (en particulier du corps électoral : le cens à 100 F). La récolte est très mauvaise, provoque une crise alimentaire qui dégénère en crise économique. Un banquet politique est organisé pour le 22 février 1848 ; la troupe se déploie en anticipation de troubles, Paris répond avec des barricades, et c’est l’explosion. Le gouvernement saute, la république est proclamée le 25.
Pour repousser les élections (afin de se donner le temps d’éduquer les masses), Blanqui et ses amis organisent une “journée” le 17 mars 1848, mais la manifestation échoue et l'élection est fixée au 23 avril. Une nouvelle manifestation est organisée le 16 avril pour reporter les élections, et vire aussi à l'échec. Sans surprise, ils perdent les élections du 23 avril (premier scrutin au suffrage universel). L'Assemblée Constituante compte désormais 250 députés royalistes, élit le gouvernement (la “Commission exécutive”) d'où les socialistes sont exclus.
Encore une fois la bourgeoisie s’accapare le pouvoir que les classes populaires ont enlevé par leur révolution. Se constatant floués, la tension politique monte. La situation des Polonais, écrasés par les troupes prussiennes et autrichiennes, déclenche une crise politique que les socialistes vont transformer en une autre “journée”, le 15 mai 1848 : ils prennent de force la chambre des députés et créent un gouvernement provisoire (Louis Blanc, Albert, Raspail, Barbès, Blanqui). Mais la Commission exécutive (surtout Lamartine et Ledru-Rollin) fait battre le rappel de la Garde Nationale des quartiers bourgeois qui, avec le soutien de la Garde mobile, dégage l'Assemblée puis l'Hôtel de ville. Barbès et Albert sont incarcérées
Les suites juridiques de la journée du 15 mai 1848 |
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La première instruction est assurée par le tribunal de première instance de la Seine et aboutit à des non-lieux pour la plupart des manifestants arrêtés à l'Hôtel de Ville.
L'instruction se poursuit pour les “meneurs”, dont Louis Blanc, Blanqui, Flotte.
La constitution est votée le novembre 1848, et dispose en son article 91 de la mise en place de la Haute Cour pour juger les personnes prévenues de crime contre la sûreté de l'État. Le 22 janvier 1849, une loi est votée qui renvoit les auteurs et complices de la journée du 15 mai devant cette Haute Cour de justice, qui devra siéger à Bourges. À l'issue de 25 séances, du 7 mars au 3 avril 1849, la Haute Cour prononcera sept condamnation : Barbès et Albert (Alexandre Martin) à la déportation, Blanqui, Raspail, Flotte, Sobrier et Quentin à la détention. Girard y était défenseur de Blanqui.
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La constitution est achevée (12 novembre 1848), et il faut élire un président. Les orléanistes proposent Louis Napoléon Bonaparte. Ce dernier, en plus de rallier les bonapartistes, va parvenir, avec un programme bourgeois libéral, à fédérer les républicains libéraux, les réactionnaires, mais aussi les républicains sociaux dégoûtés de la défaite de juin, et tous les ennemis des dirigeants de la république de 1848. Vote de sanction ou d’adhesion, toutes les classes votent pour lui et il est élu par 5,4 M° de voix sur 7,5 M° d’électeurs (10 décembre 1848) ; les élections législatives qui suivent confirment l’écrasement des républicains modérés par les droites. Seule subsite l’extrème gauche, sauvée par une bonne campagne, avec 180 députés socialistes (ou républicains avancés), qui gènent le gouvernement.
Les suites juridiques de la journée du 13 juin 1849 |
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Après une ordonnance de prise de corps du tribunal de première instance de la Seine (4 août 1849), la Chambre des mises en accusation (9 août 1949) renvoyait les accusés devant la cour d'assise de la Seine. Une loi du 10 août décida le renvoi des accusés devant la Haute Cour de justice. l’Assemblée vota aussi le 10 août la convocation de la Haute Cour et désigna Versailles pour la tenue du procès.
Le procès s'ouvrit le 12 octobre 1849. Les débats se déroulèrent dans une atmosphère très violente jusqu'à la fin. Les défenseurs entendaient plaider le droit à l’insurrection en cas de violation de la constitution, mais les juges refusèrent cette défense, et les avocats refusèrent alors de plaider. Le 15 novembre, la cour prononça 11 acquittements et 20 condamnations. |
La gauche est décapitée ouvrant la voie à une seconde vague de répression et de lois réactionnaires, y compris une modification de la loi sur le suffrage universel qui en éloigne les ouvriers.
Une journée révolutionnaire, comment ça marche ? Dans Le Ventre de Paris (1878), Zola imagine un républicain idéaliste qui prépare une journée révolutionnaire pour renverser l’Empire. Zola nous fait partager son plan : « Il visita chaque rue, la rue de Lille, la rue de l’Université, la rue de Bourgogne, la rue Saint-Dominique ; il poussa jusqu’à l’esplanade des Invalides, s’arrêtant à certains carrefours, mesurant les distances en marchant à grandes enjambées. Puis, de retour sur le quai d’Orsay, assis sur le parapet, il décida que l’attaque serait donnée de tous les côtés à la fois : les bandes du Gros-Caillou arriveraient par le Champ-de-Mars ; les sections du nord de Paris descendraient par la Madeleine ; celles de l’ouest et du sud suivraient les quais ou s’engageraient par petits groupes dans les rues du faubourg Saint-Germain. Mais, sur l’autre rive, les Champs-Elysées l’inquiétaient, avec leurs avenues découvertes ; il prévoyait qu’on mettrait là du canon pour balayer les quais. Alors, il modifia plusieurs détails du plan, marquant la place de combat des sections, sur un carnet qu’il tenait à la main. La véritable attaque aurait décidément lieu par la rue de Bourgogne et la rue de l’université, tandis qu’une diversion serait faite du côté de la Seine. Le soleil de huit heures qui lui chauffait la nuque avait des gaietés blondes sur les larges trottoirs et dorait les colonnes du grand monument, en face de lui. Et il voyait déjà la bataille, des grappes d’hommes pendues à ces colonnes, les grilles crevées, le péristyle envahi, puis tout en haut, brusquement, des bras maigres qui plantaient un drapeau. » |
Voici ce que dit Girard de l'anné 1857 (2nd empire) :« 1857, serein jusqu'à ses derniers instants, prospère pour celui-ci, heureux pour nous, fécond pour tous les deux, 1857 a disparu dans les légers brouillards de décembre. À voir cette belle fin d'année, on eût dit qu'elle quittait avec un mélancolique sourire de tendresse et de regret cette vieille Lutèce, et cette généreuse terre de France où elle a réalisé tant de grands et nobles travaux : Paris, sillonné de voies nouvelles, ajoutant des boulevards à ses boulevards, des parcs à ses parcs, des monuments à ses édifices ; le Louvre moderne complétant le Louvre ancien et transfigurant l'œuvre de Pierre Lescot, par ses splendeurs artistiques les railways rayonnant de ce centre national vers toutes les frontières ; la vapeur coupant l'isthme pyrénéen et reliant la Méditerranée au golfe de Gascogne : voilà l'œuvre de cette année dont le soleil s'est couché dans le Capricorne en lui prètant, jusqu'à sa dernière heure, le nimbe d'or de ses rayons. »« 1858 », in Le Monde illustré n°38, p. 6, le 02/01/1858. Cliquer ici pour voir l'article complet... |
Il avait récupéré les rancœurs des bases orléanistes ; il rallie maintenant les cadres entrepreneurs et négociants impatients qu’on lâche la bride à révolution industrielle. Après l’échec de la république, il promet d’être social et récupère les ouvriers. Les différentes classes ont perdu leurs leaders, mais ont ainsi la perspective d’un bond en avant.
L’empereur est moderne et réalise l’expansion économique de la société.
Il a monté une constitution dotée d’un exécutif fort, il musèle les libertés civiles et met en place un système qui privilégie aux élections les candidats officiels. Il gonfle le prestige de l’armée par quelques guerres victorieuses quoique difficiles (Crimée, Guerres d’Italie [Cf. ce petit cours d'histoire HTML, PDF]), mais surtout il fait, avec les Saint-Simoniens, rénover le système bancaire, fait lever des capitaux qui serviront à tous ses chantiers de modernisation : chemin de fer, machines à vapeur, textile, portuaire, grands magasins, travaux Hausmanniens… Le commerce et l’immobilier fleurissent et toutes les classes s’améliorent. Même les ouvriers voient leurs conditions progresser. Avec les républicains disparus, seuls les artistes se sentent à l’étroit : Zola pourfend la société bourgeoise décadente, Baudelaire et Flaubert sont condamnés, Monet est conspué, Courbet est critiqué. En 1860, l’Empereur assouplit le régime et laisse se former un parti d’opposition de républicains et de royalistes (l’“Union libérale”, puis plus tard le “Tiers-parti”). Parce-qu’il n’améliore pas les libertés (individuelles, de la presse, électorales), il finit par perdre sa popularité, et l’opposition grignotte. Il relâche pourtant sa politique en 1865 (droit de grève), puis en 1869 (loi sur la presse), mais c’est insuffisant, et le Tiers parti gagne les élections de 1869 (gouvernemnt d’Émile Ollivier).
Sur le plan international, Napoléon III s’était aliéné Bismarck (Prusse) en se faisant médiateur dans sa guerre contre l’Autriche (finalement vaincue à Sadowa, 3 juillet 1866). Sur fond de revendication du trône d’Espagne et d’intrigues diplomatiques, Bismarck finit par enflammer son opinion publique et déclencher une guerre, qui est déclarée le 17 juillet 1870. Les français sont mal préparés, désordonnés, et l’empereur est pris à Sedan (Ardennes).
Les républicains saisissent l’occasion, prennent le Corps législatif le 4 septembre, et fondent la 3e république, avec les survivants de 1848, et des jeunes républicains (Gambetta…).
Page créée ca. 2001, par Baptiste Marcel, dernière mise à jour le 23/11/2010 AD.
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