“Monsignore Deschamps du Manoir”
et “Feuilles échappées”
par Françoise Guyon Le Bouffy
En savoir plus sur l’auteure

Dans la France et l’Italie du XIXe siècle, est présenté l’étonnant parcours de cet ecclésiastique érudit, natif de Granville, passionné d’archéologie, d’histoire et de littérature.
Deux livres :
  1. La biographie
    Tiré au format 21×29,7 (A4, 296 p., couleurs), cet ouvrage est abondamment documenté : tout en cheminant dans la vie de Mgr Deschamps du Manoir, le lecteur est invité à resituer son parcours dans le contexte historique de l’époque. Il découvre également, au fil des pages, des faits bien peu connus, et des personnages hors du commun.
    Les illustrations sont nombreuses et de qualité.

  2. Le recueil de textes
    Tiré en 13,97x21.59 (proche A5, 242 p., noir et blanc), doté de nombreuses gravures et autres illustrations, ce livre fait suite au précédent en donnant à lire une sélection d’écrits de Mgr Deschamps du Manoir. Les extraits sont complétés de mises en contexte permettant de les situer dans sa vie, son œuvre, et son époque.

L’auteure, Françoise Guyon Le Bouffy, a bien voulu que nous présentions ses livres sur ce blog, et que nous les mettions à disposition en téléchargement.

L’homme

Né à Granville en 1828, Joseph Deschamps du Manoir a trente ans lorsqu’il est ordonné prêtre et nommé vicaire de l’église Notre-Dame-des-Champs d’Avranches.

Très vite, l’érudition et l’art d’écrire de ce jeune abbé en font un personnage remarqué. Passionné de recherches dans les domaines de l’histoire et de l’archéologie, ses travaux sont bientôt connus et appréciés. 

En 1869, son évêque, devant se rendre à Rome pour le concile de Vatican, lui demande de l’accompagner en tant que secrétaire. Le destin de l’abbé Deschamps va s’en trouver bouleversé : bientôt honoré par le pape Pie IX du titre de Camérier, il s’éprend de Rome et de l’Italie alors en marche vers son unité. 

En 1875, c’est à Naples qu’il décide de se fixer définitivement. Pendant plus de trente ans, il y mène de front sa mission d’homme d’Église, ses travaux de recherches et une intense activité littéraire et journalistique. 

Il meurt, en août 1906, à Naples où il repose au cimetière Poggioreale. 

La biographie “Monsignore Deschamps du Manoir”

La vie et l’œuvre de ce personnage singulier sont ici contés par l’une de ses parentes, Françoise Guyon Le Bouffy.

Intriguée par la découverte, dans des papiers de famille, d’une lettre de Mgr Deschamps du Manoir à ses petits-cousins Fulgence et Marguerite Le Bouffy (grands-parents de l’auteure), celle-ci a souhaité en savoir plus.

Cette lettre, envoyée depuis Naples et datée de 1899, fut le point de départ d’une passionnante enquête menée à partir des écrits de Joseph Deschamps du Manoir et de sa correspondance.

En donnant vie à ce personnage ancré dans son passé familial, et en restituant une partie de ses écrits, l’auteure immerge le lecteur dans la société et l’histoire de son temps.

Le sommaire

La plume est souvent celle de Deschamps du Manoir

Pour faire découvrir ce que fut la vie de ce personnage, l’auteure a principalement puisé dans deux sources. La première, ce sont les ouvrages que publia Mgr Deschamps du Manoir : souvenirs, journaux de voyage, éphémérides. La seconde, c’est sa correspondance : exploitation de plus de quatre-cents lettres adressées à sa famille depuis l’Italie entre 1875 et 1906.

Pour le plus grand plaisir du lecteur, l’auteure cède souvent la plume au conteur talentueux qu’était Deschamps du Manoir. Ainsi cette biographie se trouve-t-elle enrichie de nombreux et larges extraits de ses écrits.

Les « encadrés »

La vie de Mgr Deschamps du Manoir s’inscrit dans une période riche en évènements qui ont profondément marqué notre Histoire. Afin de resituer ces faits marquants, des notes de contexte ont été introduites sous forme d’« encadrés ». Ce principe a également été adopté pour développer certains faits étonnants et peu connus.

Ces « encadrés » sont au nombre de quarante, en voici la liste :

  1. Principales autorités nationales et religieuses.
  2. Fulgence Girard (1807-1873)
  3. Le singulier contexte éducatif de sa grand-mère Julienne Lesplu-Dupré
  4. M. l’Abbé Maudouit, curé de Granville
  5. Jureurs et non jureurs.
  6. Chausey, la mer, ou le destin d’une famille
  7. La Société d’Archéologie d’Avranches
  8. La Guérie, maison de campagne du séminaire
  9. Après le séminaire.
  10. L’évêché de Coutances et d’Avranches
  11. Les Lesplu-Dupré, une famille hors du commun
  12. Le Séminaire de Coutances
  13. Ce bon M. Hébert
  14. N-D-des-Champs d’Avranches
  15. La cathédrale d’Avranches
  16. Mgr Bravard, une figure d’exception
  17. Une lettre pour sauver le Mont Saint-Michel
  18. L’Italie en marche vers son unité (1858-1870)
  19. Les États pontificaux (335-1929)
  20. Maurice, Eugénie et Marie de Guérin
  21. L’Académie des Jeux floraux
  22. La garde-suisse pontificale
  23. Les Zouaves pontificaux, une épopée de légende
  24. Les Zouaves pontificaux, la légende et les chiffres
  25. Pour l’Église, un concile douloureux
  26. Le pianiste adulé devient l’abbé Liszt
  27. La question qui fâche : le dogme de l’Infaillibilité pontificale
  28. À Rome, en mars 2014, rencontre avec un prêtre breton
  29. La guerre de 1870 en quelques dates
  30. Quand Nice devint française
  31. Le Coin des Eaux
  32. Les îles Chausey
  33. Monseigneur et Monsignore
  34. Saint Janvier entre Histoire et légende
  35. La singulière histoire du culte de Sainte Philomène
  36. Quand les Filles de la Charité arrivent à Naples
  37. Contre la peste, le « Vinaigre des 4 voleurs »
  38. Les colères du Vésuve
  39. Mgr de la Passardière, évêque de Rosea
  40. J’apporte une pierre.

À titre d’exemples, quelques uns de ces encadrés sont proposés ici en téléchargement :

Extraits

Voici un extrait du chapitre « Le temps d’un concile », p. 154. De décembre 1869 à l’été 1870, celui qui n’est encore que « l’abbé Deschamps » est en Italie à la demande de son évêque, Mgr Bravard, venu à Rome prendre part aux travaux du concile.

« L’abbé Deschamps » parle ici de son installation à Rome et de l’ambiance qui y règne.

Ce nouveau séjour dans la ville éternelle se présentait avec des conditions extraordinaires d’intérêt et d’agrément. Au palais, chacun déjeunait quand il était prêt et avait célébré la Sainte Messe. Le dîner était à une heure, ou à l’issue des Congrégations du Concile, quand elles se prolongeaient, et le souper à huit heures et demie. Ensuite, on se retirait chez soi, ou bien on se réunissait par petits groupes. Nous allions d’ordinaire passer une heure avec Monseigneur de Roseau2. Les relations extérieures pour dîners, soirées et visites étaient fréquentes. Aussi le temps s’envolait-il avec une rapidité sans égale. […]

Rome en effervescence

Pendant cette période du concile, Rome est en effervescence : une foule de prélats déambulent dans les rues de la ville, d’autres, en voiture à cheval, ont du mal à circuler dans les voies encombrées, et tout cela dans une atmosphère de fête et de réjouissances populaires.

L’abbé Deschamps évoque la journée d’ouverture du concile, le mercredi 8 décembre.

Rome s’est éveillé au son des cloches de toutes les églises, et au bruit du canon du Château St-Ange annonçant la grande journée…

À la basilique Saint-Pierre se déroule la grandiose cérémonie d’ouverture du concile, qui dure de huit heures à quinze heures. En fait de princes, il n’y avait que ceux que la fortune a trahis, et dont quelques uns peut-être s’attachent à Dieu dans la mesure des abandons terrestres. Le roi de Naples accompagnait sa belle-sœur, l’impératrice d’Autriche, dont la couronne est ébranlée et amoindrie. Les autres princes italiens détrônés étaient aussi présents, le grand-duc et la grande-duchesse de Toscane, le duc et la duchesse de Parme, chers à la France, et le duc de Modène.

Il décrit l’atmosphère de liesse qui submerge Rome, jour et nuit, en cette période de concile

Les “Pifferari”, avec leurs “zampogne”2, parcourent les rues de Rome pendant une grande partie des nuits.


Notes :
  1. Il pourrait s’agir de Mgr René Poirier, évêque de Roseau (sur l’île de la Dominique) de 1858 à 1878.

  2. Dans ses Mémoires, se rapportant à la période 1803-1865, évoquant la musique à Rome, Hector Berlioz fait une description des “Pifferari” : « on appelle ainsi des musiciens ambulants, qui, aux approches de Noël, descendent des montagnes par groupes de quatre ou cinq, et viennent, armés de musettes et de “pifferari” [espèce de hautbois - N.d.A.], donner de pieux concerts devant les images de la madone. Ils sont, pour l’ordinaire, couverts d’amples manteaux de drap brun, portent le chapeau pointu dont se coiffent les brigands, et tout leur extérieur est empreint d’une certaine sauvagerie mystique pleine d’originalité. »
    La “Zampogne” est un instrument de musique de la famille des cornemuses.

Quelques pages illustrées


p. 96

p. 97

p. 135

p. 280

Le recueil “Feuilles échappées”

Le sommaire

Sélection d’écrits mis en contexte

Le recueil Feuilles échappées édité en juin 2016 est un choix d’écrits de Mgr Deschamps du Manoir dont des textes inédits provenant de sa correspondance privée. Les extraits sont présentés par Françoise Guyon Le Bouffy qui les replace dans l’œuvre et la vie de Joseph Deschamps du Manoir. Quelques notes de contexte apportent un éclairage historique à certains des personnages ou des faits évoqués.

C’est une plongée dans le XIXè siècle… On y découvre d’incroyables anecdotes, des portraits taillés dans le vif, le charme de la Normandie et les couleurs de l’Italie.

Extraits

Feuilles échappées, p. 27 et sa note de contexte :

Sur les bords de la Rance
Feuilles détachées (1878), 1ère partie, Voyages et descriptions, V, Saint-Malo et Saint-Servan.

Les bords de la Rance valent les rives de la Loire. Rien de plus charmant que leur mélange continuel de rochers et de verdure, de grèves et de forêts, d’antiques donjons de la Bretagne féodale et de riantes villas de la Bretagne commerçante. Celles-ci ont été construites dans un temps, où les Armateurs de Saint-Malo étaient assez riches pour prêter des millions aux rois de France, et fricasser des piastres[voir encadré], dans leurs jours de goguette, pour les jeter toutes brûlantes par les fenêtres au peuple qui remplissait la rue. Ces belles demeures s’appellent Bonaban, dont une partie est en marbres de Gênes, la Brillantais, Le Beau, Le Mont-Marin, La Ballue, Le Colombier, etc., etc., et leurs jardins en terrasses regardent la Rance, de laquelle on admire les eaux jaillissantes et les arbres exotiques qui les décorent. Je n’oublierai jamais l’effet magique produit sur moi par ce spectacle, la première fois que j’en jouis, seul dans une barque, au lever du soleil d’un beau jour d’été.

La fricassée de piastres : une recette de corsaire.

Les piastres.


La piastre fut une unité de monnaie dans plusieurs pays. Au XVIème siècle, c’était la monnaie en cours à Venise. La piastre fut longtemps une monnaie d’échanges dans le commerce avec les pays du Levant. Ce nom vient de l’Italien piastra, mot venu lui-même du latin emplastrum qui signifie plaque de métal.
La piastre est encore une sous-division de monnaie dans certains pays du Moyen-Orient.

La fricassée.


Si l’on consulte le Dictionnaire de l’Académie Française (édition de 1835), voici ce que l’on trouve pour le verbe Fricasser. "Faire cuire dans la poêle, dans une casserole, etc. quelque chose, après l’avoir coupé par morceaux. [.] Il signifie, figurément et populairement, dissiper en débauches et en bonne chère. Il fricasse tout. Il a fricassé tout son bien."
Dans l’extrait ci-contre, Joseph Deschamps du Manoir évoque l’opulence dans laquelle vivaient, au temps des corsaires, les armateurs de Saint-Malo. Ils pouvaient bien, par conséquent, être tentés de dissiper leur bien.
Mais, en fait, en choisissant cette expression, notre conteur fait aussi allusion aux histoires qui se racontaient sur ces corsaires et armateurs.
Il se disait qu’au retour de leurs fructueuses courses contre les navires de commerce anglais, ils faisaient fricasser des piastres dans une poêle, et les jetaient bouillantes aux enfants qui étaient sous leurs fenêtres. Ceux-ci se brûlaient les doigts en cherchant à les ramasser.
Légende ou pratique avérée, certains faits sont là : les activités corsaires du port de St Malo aux XVIIème et XVIIIème siècle ont fait la prospérité de cette cité et de ses armateurs. Ce fut le cas aussi d’autres ports de la côte, comme celui de Granville. (cf. note de contexte p. 200).

Feuilles échappées, p. 107 :

M. Pilleverse, riche et vieux garçon
« Notes pour servir à l’histoire de Granville »,
Revue de l’Avranchin, 10, 1900-1901 et 11, 1902-1903.

M. Pilleverse, riche et vieux garçon, était resté fidèle à la culotte courte et aux souliers à boucle d’argent. Vêtu de noir, il s’appuyait sur sa canne, car il était si boiteux qu’un de ses genoux touchait presque à terre ; il courait néanmoins comme le vent et les basques de sa redingote s’agitaient comme des ailes.

Feuilles échappées, p. 155 et 156 :

À Florence, au motif du choléra, d’insupportables vexations
Trois mois en Italie, VI (1868).

Nous arrivâmes à Florence le 1er juillet, vers midi, avec deux heures de retard, à cause du nombre de wagons et de l’affluence des voyageurs. Les Piémontais, vexés du succès des fêtes, qu’ils regardaient comme une protestation contre leurs envahissements, voulurent, en attendant mieux, en tirer une vengeance puérile, et, sous prétexte que le choléra sévissait à Rome, ils soumirent les voyageurs à des fumigations répétées à Florence, Bologne, Padoue, Venise et Turin.

À Padoue, par une exception inqualifiable, on n’en gratifia que les prêtres français, reconnaissables à leur rabat. Aussi j’arrachai le mien que j’avais remis au sortir de Rome à la place du Collaro, et je le laissai dans la salle des fumigations pour ne pas le reprendre. À Florence, on avait ajouté aux fumigations des aspersions pour les malles avec je ne sais quelle drogue, qui enlevait la couleur des étoffes. Je m’en aperçus à temps pour sauver de ce guet-apens la plupart de mes effets.

En devenant la capitale du royaume d’Italie1, Firenze la bella est devenue le centre de toute une population flottante sans aveu et sans foi, qui regarde les étrangers comme des épaves jetées à sa merci. Les facchini2, les marchands et les ouvriers dont j’eus besoin étaient d’impudents coquins dont la mauvaise foi oubliait même de sauver les apparences, tant ils étaient dominés par l’amour du lucre per fas et nefas3. Je ne sais si ce fut la nécessité de lutter contre ces convoitises désireuses de s’annexer ma bourse, et cette certitude de me trouver au milieu d’une ville où se rencontre l’écume d’une société en fermentation, mais je ne me plus pas à Florence et j’en partis avec plaisir le surlendemain : « Vivat Mascarillus fourbum imperator4 ».

Notes :
  1. Dans l’histoire de la construction de l’Unité Italienne, Florence fut, entre 1865 et 1870, la capitale du royaume. NDR
  2. Porteurs. NDR
  3. Par tous les moyens possibles. NDR
  4. Référence à la fourberie des valets dans les comédies de Molière. Ces mots en latin approximatif sont prononcés par Mascarille dans L’Étourdi. NDR

Quelques illustrations


Le Port et l’Avant-port

Album Souvenir présentant des vues de Granville datant probablement de la fin du XIXème siècle. Collection familiale


Granville, vue générale de la basse et de la haute ville.

Album Souvenir présentant des vues de Granville datant probablement de la fin du XIXème siècle. Collection familiale


La Grotte d’Azur à Capri

Autour de la Méditerranée, Les côtes latines, L’Italie de Vintimille à Venise. Marius Bernard, Paris, H. Laurens, 1894. Illustrations H. Avélot.

Comment se procurer les livres

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La biographie 
“Monsignore Deschamps du Manoir”

(63 MB)
Le recueil de textes
“Feuilles échappées”

(5 MB)

Licences : textes sous CC-BY-SA, illustrations DP ou TDR.

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La biographie 
“Monsignore Deschamps du Manoir”
Le recueil de textes
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