Quelques mots sur une série culte fabuleuse, superbe, angoissante... Twin Peaks.
Deux Emy Awards. Mark Frost est un des scénaristes attitrés de Hill Street Blues (Capitaine Furillo, 1981 de Steven Bochco).
Dans la paisible bourgade de Twin Peaks, le cadavre, violé, maltraité de Laura Palmer est retrouvé emballé dans du plastique, au bord du lac. Laura Palmer était une jeune lycéenne, au sourire angélique et à la chevelure d'or. Seul un monstre aurait pu lui vouloir du mal. Alors qui, dans ce petit village campagnard près de la frontière canadienne, a l'âme suffisamment tortueuse pour un crime aussi abominable. C'est ce qu'est venu découvrir l'agent spécial Dale Cooper, renfort d'enquête apprécié par le shérif Harry S. Truman.Un foisonnement de personnages, des relations extra conjugales complexes, des liens de parenté multiples, des histoires d'intérêts économiques dans une scierie et un hôtel... On ne compte pas les multiples démêlés du scénario, un scénario qui fait très soap opera (vous connaissez Dallas et Dynastie ?). Pourtant, il y a quelque chose en plus, une atmosphère malsaine qui diabolicise le soap opera, faite de multiples éléments étranges. Cette ville où la vie se déroule au ralenti et où l'on voit que chacun cache en lui un petit secret honteux ou terrifiant. Ces images troubles campagnardes et vertes, fraîches, naturelles. Cette musique angoissante d'Angelo Badalamenti. La douceur de certains protagonistes (Dale Cooper l'amateur de tartes, James Hurley et ses rêves de romantismes, Norma Jennings et sa paisible cafétéria) face à la violence de la folie des damnés de Twin Peaks. Ce monde parallèle, rideaux rouges, carrelage rayé, voix déformés. Ces morceaux de l'étoffe de Twin Peaks (la scierie, l'oiseau du générique, le feu ferroviaire...). Tous ces éléments ensembles forment un assemblage qui fonctionne à merveille. Le résultat est spectaculaire: un film beau, un chef d'oeuvre d'imagination, de couleurs, de symboles. Cette série, bouleversant les conventions télévisuelles, va marquer d'une pierre blanche l'Histoire de la télévision, et laissera dans le futur des traces aussi profondes que Le Prisonnier.Peu à peu, au fil des épisodes, c'est un lourd voile opaque qui va se lever, et mettre à nu le coeur de la ville, bien plus névrosé et corrompu que l'on pouvait s'y attendre. Tous les personnages de la série, c'est à dire la plupart des habitants de Twin Peaks vont se révéler posséder des doubles, voire des triples vies (!). De la douce Shelly Johnson qui trompe son mari psychopathe à Nadine Hurley dont l'agitation psychotique nous terrifie, en passant par la femme à la bûche, Jocelyn Packard la maîtresse du shérif ou le "psy" de Laura Palmer, tous sont fondus.
Chez les spectateurs, les garçons tombent amoureux de Laura Palmer, et la trompent avec Audrey Horne, les filles sont éblouies par la finesse et l'élégance de l'agent spécial Dale Cooper. On se demande furieusement qui a tué Laura Palmer, et l'on désigne du doigt les créatures du village en se disant que chacun porte en lui un brin démoniaque qui, quelque part dans le monde noir, dans le crâne d'un déséquilibré, forme un faisceau de malignité diabolique. Qui a tué Laura Palmer ? N'importe qui et tous le monde. Honteux, le spectateur se repaix du spectacle de la névrose de Twin Peaks, et voudra aller beaucoup plus loin, désignant tel personnage de l'écran: "qu'importe l'assassin, je veux connaître son histoire à lui". Révélé par un crime de sadique, c'est une longue descente aux enfers dont personne n'est jamais sorti, ni à la version longue du pilote, ni au dernier des 30 épisodes, ni à la suite rétroactive Twin Peaks, Fire walks with me. Twin Peaks n'est pas une énigme, c'est un portrait vivant.
Laura Palmer a été assassinée. Peu après, Ronette Pulaski est retrouvée torturée et violée. Dale Cooper, FBI, est chargé de l'affaire. Avec le shérif Harry S. Truman, l'enquête commence et les premiers soupçons pèsent sur... tout le monde. Pour seuls indices, la lettre R enfoncée sous un des ongles de Laura, les hallucinations de sa mère qui voit un homme aux cheveux gris et au regard méchant hanter sa maison et une chaînette en or attaché à un bijou d'adolescent en forme de coeur brisé.L'épisode pilote, c'est à dire l'épisode de lancement, sert à tester la série. Si c'est le succès, si l'épisode plaît aux pontes de la direction, alors la série est tournée. Des 30 épisodes de la série, tous n'ont pas été réalisés par David Lynch. Celui-ci le fut. Dans une ambiance qui évoque Blue Velvet de manière singulière, David Lynch présente sa série. Il fait l'ébauche des principaux personnages, pose le décor: la scierie, l'Hôtel du Grand Nord, la bourgade... En quelques secondes on a décollé. On ne regardera plus jamais la télévision comme avant, David Lynch nous a capturés et nous entraîne dans l'étrange et l'occulte.
File created on 20th December 1996, last update
07/10/1997 at 18:17:14.41 (French Time)
by Baptiste MARCEL (voir page Contact), located in Nogent-sur-Marne (France). Feedback is welcomed.
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