Un grand classique de la télévison d'espionnage américaine : The Man from U.N.C.L.E. Présentation de la série, critique et guide des épisodes.
par Baptiste Marcel
Milieu des années 1960. Napoléon Solo et Illya Kuryakin sont des agents de l'U.N.C.L.E. (qui signifie Union Network Command for Law and Enforcement), un organisme international chargé par l'ensemble de ses pays membres (dont les U.S.A. et l'U.R.S.S.) de maintenir l'équilibre économique et politique mondial. Très au courant de ce qui se passe dans le monde, équipé du matériel le plus sophistiqué, U.N.C.L.E. enverra ses agents sur toute la planète lutter contre des personnages malfaisants ou des organisations de criminels tels le T.R.U.S.H. Napoléon Solo est délégué par les Etats-Unis, Illya Kuryakin par l'Union Soviétique, ils travaillent de concert...
A l'origine de cette série, se trouve... Ian Fleming. Auteur célèbre des romans de James Bond qui n'avait pas encore eu à l'époque l'honneur du cinématographe (nous sommes en 1961, Dr No sortira en 1962). Norman Felton, producteur, cherche à produire une série d'espionnage. Après plusieurs contacts et tractations diverses, Ian Fleming abandonne le projet, non sans avoir donné de nombreuses idées à Norman Felton, qui s'est depuis associé avec Sam Rolfe. Les personnages sont définis, surtout Napoléon Solo (à qui il faut garder l'accent aigu de son prénom issu d'une mère française) interprété par l'acteur Robert Vaughn découvert dans The Magnificent Seven (Les Sept Mercenaires, après qu'il fut envisagé Barry Nelson, William Shatner puis Lee Marvin). Le personnage du soviétique (Illya Kuryakin interprêté par David MacCallum) se développera après le tournage du pilote pour devenir un permanent de la série. Le premier épisode, tourné en couleur mais diffusé en noir et blanc, passe le 22 septembre 1964 à 20h30 sur NBC. La série n'a pas un grand succès mais la chaîne persiste. Après trois mois, les jeunes sont en congés de Noël et rentrent des universités. Sur les écrans de leurs parents, ils découvrent la série et c'est le début d'un engouement qui perdurera bien après la fin de la série.
La série est donc basée sur un couple. Deux personnages bien différents -comme le seront Danny Wilde et Brett Sinclair de The Persuaders (Amicalement vôtre): Napoléon Solo, Américain, brun, élancé, dragueur, costumes impeccables, humour britannique et Illya Kuryakin, Russe, blond, discret, introverti, amateur de jazz. Souvent séparés dans le feu de l'action, le spectateur suivra leurs aventures séparément; il tremblera lorsque, fatalement, la vie de l'un d'eux sera en grand péril, jusqu'au moment où son fidèle compagnon viendra à son secours. On ne compte plus les dangers auxquels ils échappent: tortures, fusillades, noyades, mise en pâture à des fauves, incendies, empoisonnements... Contrairement à ce qu'avait annoncé la critique, les principes de la série vont la mener à l'opposée des histoires à la James Bond. Les agents ne sont pas des solitaires, ils n'évoluent pas dans le monde de l'espionnage international, mais contre des groupes privés maffieux, des savants fous, des traîtres mégalomanes, des trafiquants d'armes ou d'oeuvres d'art. Ils ne côtoient pas les casinos et les hôtels de luxe, mais le monde de la rue, la vie de tous les jours. Ils ne se prennent pas toujours au sérieux, n'hésitant pas à placer un bon mot lorsque l'occasion se présente; ils rencontrent des gens comme tout le monde, souvent des femmes, qui vont alors prendre dans l'épisode un rôle privilégié, ce qui va diversifier les scénarii et enrichir les relations entre les personnages. Ceci fait que le centre de la série n'est pas les deux agents de l'UNCLE, mais l'intrigue elle même et les personnages qui la font: les adversaires de Solo et Kuryakin et leurs alliés (il ne sera d'ailleurs pas toujours facile de les différencier avant la fin de l'épisode). On retrouve le même principe, l'idée de mettre en valeur les personnages spécifiques de l'épisode, dans les séries de Quinn Martin: The Fugitive, The Invaders, The Untouchables... (Le Fugitif, Les Envahisseurs, Les Incorruptibles). Cela s'accompagne d'une excellente distribution qui comprendra John Carradine, Joan Crawford, Robert Culp d'I Spy (Les Espions), Martin Landau de Mission: impossible, Space 1999 (Cosmos 1999), Jack Lord de Hawaii, five-O (Hawaii, Police d'Etat), Vincent Price, Sharon Tate...
Cette série, chef d'oeuvre du petit écran n'a pas vieilli. Elle est encore très forte, et surpasse de bien loin nombre de séries d'aujourd'hui. Elle a ouvert la voix des grandes séries d'espionnages telles I Spy, Get smart (Max la menace) ou Mission: impossible.
par Claude Mesplède et Lucile Rodier
Ian Fleming, le créateur de James Bond, est un peu à la base de cette série. Il avait essayé en vain, durant plusieurs années de faire adapter ses ouvrages à la télévision. Et lorsque celle-ci s'y intéressa vraiment, les droits avaient été achetés pour le cinéma par le duo Saltzman-Broccoli. Néanmoins une rencontre eut lieu en octobre 1962 entre l'écrivain et le producteur américain Norman Felton - célèbre pour son Docteur Kildare - pour une possible adaptation de Thrilling Cities (Des villes pour James Bond). L'entretien ne donna pas grand chose, sinon l'idée d'un personnage, "Solo", dans la mesure où celui-ci devait être le seul héros de la série. Fleming vendit son idée une livre sterling - il n'y croyait guère! Mais les productions Arena de Felton, ainsi que la chaîne NBC continuèrent à s'intéresser au projet dont le développement fut confié à un vieux routier du western, Sam Rolfe, en mai 1963.
Rolfe plancha sur toutes les idées émises et conserva le nom du héros : Solo, assorti du prénom Napoléon - sans doute parce que né d'une mère française. Il choisit une organisation à laquelle il puisse appartenir: U.N.C.L.E qui, d'inexpliquée au départ, devint l'abréviation de United Network Command for Law and Enforcement (Organisation du commandement unifié pour la loi et l'ordre). Le siège de cet organisme, chargé de maintenir la paix dans le monde, se situe aux Etats-Unis, mais avec des antennes locales dans le monde entier, et compte dans ses rangs l'agent soviétique Illya Kuryakin. Un concept assez réjouissant alors que sévissait la guerre froide.
Rolfe imagina aussi la fameuse boutique "Del Floria's Tailor Shop". Cette échoppe d'apparence anodine, permet, grâce à sa cabine d'essayage, l'accès à la chambre d'admission d'U.N.C.L.E, où une hôtesse remet au visiteur un badge triangulaire dont la couleur précise les étages qui lui sont accessibles. Solo porte le badge n°11 et Kuryakin le n°2. Entre eux et leur chef, Waverly, ils communiquent avec un stylo émetteur-récepteur en utilisant "le canal D".
Si les agents d'U.N.C.L.E personnifient l'ordre et la paix mondiales, c'est à dire les "gentils", il fallait bien sûr imaginer des adversaires à leur mesure. Ce sera le rôle joué par les agents de Thrush, impitoyables dans la noirceur et la folie meurtrière.
À partir de ces ingrédients, Sam Rolfe écrivit en 1963 le pilote de la série - dont chaque titre se terminera par le mot Affair. Il sera diffusé sur NBC le 22 septembre 1964 avec un certain succès. La série durera quatre saisons -jusqu'au 15 janvier 1968 - soit 105 épisodes, dont certains doubles, permettront une diffusion cinéma. La série a été réalisée en couleur, à l'exception de la première saison, (noir et blanc), qui, malheureusement est toujours inédite en France.
Même après trente ans, cette série a conservé une partie de son charme d'antan. Cela tient sans aucun doute à l'esprit dans lequel furent conçus les Agents très spéciaux: deux personnages "héros" décontractés - le concept même du duo était nouveau - pourvus de gadgets à propos desquels ils ont une certaine désinvolture, un pied de nez à la guerre froide, un décor et un champ d'action bien plus vaste que pour les traditionnels espions, des acteurs fort bien choisis pour leur jeu et leur complémentarité, tout ce cocktail ne pouvait que séduire une vaste partie du public.
épisodes des 4 saisons rassemblés
et résumés
par Claude Mesplède et Lucile Rodier
Série d'espionnage crée par Norman Felton et Sam Rolfe (quatre saisons, 105 au total), U.S.A., commencée en 1964, épisodes de 45 min., noir et blanc puis couleur. Producteur exécutif Norman Fellton. Musique du générique de Jerry Goldsmith, avec Robert Vaughn (Napoléon Solo), David McCallum (Illya Kuryakin), Leo G. Carroll (Alexander Waverly), Mario Siletti (Del Floria).
Résumés détaillés et analyse par Baptiste Marcel de deux épisodes: The Project Strigas Affair (1964, 1e saison, n°9) et The Bridge of Lions Affair (1966, 2e saison, n°49/50).
Détails des auteurs et interprètes dans l'Internet Movie database .
Liste des épisodesGuide des épisodes (avec résumés)La première saison (1964-1965), composée de 29 épisodes en noir et blanc, est inédite en France. C'est la seule saison à laquelle participa Sam Rolfe. Les scénarii sont inventifs et les "méchants" d'un genre inédit dans la fiction de l'espionnage de l'époque, que ce soit le James Bond en roman ou en film ou le John Drake de Danger man (Destination danger). Un film long métrage a été tourné en 1983 par Ray Austin, avec Robert Vaughn et David McCallum sous le titre Return of the Man from U.N.C.L.E. - The Fifteen Years Later Affair. Faisaient partie de la distribution : Patrick McNee, Gayle Hunnicutt, Geoffrey Lewis, Anthony Zerbe, Keenan Wynn, Carolyn Seymour, George Lazenby, etc.
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Entre 1966 et 1970, deux maisons d'édition américaines (Ace et Four Square) publièrent une vingtaine de récits mettant en scène Napoléon Solo et Illya Kuryakine. Certains ont été traduits en France (merci à Keith Dilbone pour sa contribution).
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Cette collection publia divers récits inspirés de feuilletons télévisuels comme Les Envahisseurs, Bonanza, Mission impossible, ainsi que deux titres consacrés aux Agents très spéciaux.
Plusieurs récits furent consacrés à April Dancer (Stephanie Powers), personnage vedette de la série dérivée The Girl From U.N.C.L.E. (Annie, agent très spécial, diffusée pour la première fois en France sur la 2e chaîne le 26 janvier 1966). Le romancier Michael Avallone écrivit des deux premiers romans de la série, rebaptisée en France Annie agent très spécial. A notre connaissance, un seul ouvrage a été traduit.
David McCallum a interprpeté Hémon dans Antigone à la télévision britanique, avec Dorothy Tutin dans le rôle titre. Ci-contre, une photo de la pièce, avec un lien vers la même en plus haute résolution (509*404*8, 189 kO, merci à Anne Collin Smith).
David McCallum est dans l'Internet Movie Database, un fanzine lui est consacré: The McCallum Observer ainsi qu'un site web non officiel.
Les images présentes sur ce site sont copyright par leurs aynt-droits. La seconde photo vient de l'épiosde The Five Daughters Affair dans le laboratoire du père qui transforme l'eau de mer en or (identifiée par Linda Cornett), et vient de la Collection Kipa. Les deux autres (Kuryakin and Solo devant l'affiche UNCLE et les mêmes se cachant et rampant arme au poing) viennent d'Interpress (16bis rue Fontaine, 75009 Paris).
La plupart des articles concernant The Man from U.N.C.L.E.ont été publiés de mars 1994 à octobre 1995 dans le magazine 813 (numéros 46, 50/51 et 53). Ce magazine est la publication de l'Association 813 des Amis de la Littérature Policière.
Encore plus sur la série dans The Fan from U.N.C.L.E. (avec liste de liens et un mailing list de la série), les FAQs de Henry Jaremko, et le guide des épisodes assez complet de William J. Koenig. Détails des auteurs et interprètes de la série dans l'Internet Movie database . Vous pouvez aussi visiter le site de Mikrush (quelques copies d'écran) et la liste de sites que vous propose The Ultimate TV shows list . Aussi un site intéressant sur les femmes fortes de la série chez WOMWAM (Women Overwhelming Men - Women Attacking Men).
On peut consulter La Loi des Séries de François Julien, Mad Movies n°38 et le fanzine Communiqué (épuisé et disparu).
Merci à Véronique Perrot et Gilles Prella